Pour faire écho à l’article sur la conversion du Chapelain-Investigateur
Moloch, les petits textes suivants constituent l’enrobage fluffique de ma participation au premier CDA "multi / opérations spéciales".
L’œil averti notera que les photos les illustrant montrent
deux figurines désormais injouables, parce que non-WYSIWYG (porte-étendard et
apothicaire). Ha ha, dans mon c… !
Depuis, j’ai dû les recycler : amputation de l’étendard
pour faire un sergent générique avec arme modifiable (les aimants, c’est la
vie), récupération et maquillage de la seconde moto pour un second sergent. Et
certaines pièces de l’apothicaire ont rejoint mon nouvel apothicaire chevalier
noir… Encore merci, GW !
Les braseros disposés le long des
murs du sombre couloir jetaient des reflets fugaces et inquiétants sur les deux
guerriers en armure de jais postés de part et d’autre d’une longue tenture
pourpre.
Sans question ni hésitation, ils
tirèrent chacun un pan de l’épais velours. L’arrivant ne ralentit son pas
qu’une fois à l’intérieur de la pièce.
A dire vrai, il s’agissait plutôt
d’une grotte de grande dimension. Quatre piliers en soutenaient la haute voûte.
Le sol était inégal, usé, et seuls quelques appareillages et écrans
holographiques trahissaient une présence humaine. Le regard était
inexorablement attiré par la représentation aux dimensions cyclopéennes d’une
serre ailée tenant une épée, sculptée à même la roche à l’autre bout de la
caverne.
De l’obscurité parvint une voix
claire, presque chaleureuse, mais qui recelait les ferments de la plus terrible
violence.
« Frère Moloch… Ta présence
est une heureuse surprise en ces lieux. Heureuse et inquiétante ». Une
silhouette majestueuse se détacha des ténèbres, comme si elle en était une
extension prédatrice. Son armure noire et ouvragée tranchait avec la cape
blanche jetée sur ses épaules. Un regard intense et inquisiteur se posa sur
l’intrus.
Ce dernier frappa sa poitrine de
son poing droit et salua bras tendu.
« Maître, pardonnez mon
manque de cérémonie… Un Nom a été retrouvé… »
Le regard de Sammaël s’embrasa et
il sembla que ce feu intérieur menaçait de tout brûler sur son passage.
« Je t’écoute, chapelain-investigateur Moloch. »
« Une planète glacée du nom de
Renaheim Prime dans le Quadrant Est, coordonnées 428-3622 E / Alpha Thêta 621. Seize millions cinq cent quatre-vingt
milles sujets. Intérêt stratégique nul. La Grande Traque a abouti par
recoupements sur trois siècles à localiser le Frère Damnatio Arthelos. Il
agirait en tant que seigneur de guerre local. » Moloch fit une courte
pause. « L’opération a été validée par le Frère Ezekiel ».
Le Maître de la Ravenwing croisa ses
bras sur sa poitrine. « Je te remercie de cette excellente nouvelle, mon
Frère. Je suppose que tu as sélectionné les hommes les plus fiables pour cette
mission ? »
« Une frégate est prête à
partir sur l’instant. Une barge de bataille suivra afin de nettoyer toute trace
de notre passage une fois la mission terminée. Aucune corruption ne survivra aux
Anges de la Mort. Je
sollicite l’honneur de disposer du 1er
Escadron. »
« Accordé » répondit
Sammaël sans sourciller. « Es-tu certain que tu n’auras pas besoin
d’autres Frères de Bataille ? »
Le chapelain-investigateur jeta
un bref regard au relief sculpté. « Non, Maître. L’opération doit être
menée avec rapidité, précision et violence. Nous compterons sur l’effet de
surprise comme un oiseau de proie. J’ai cependant une requête à formuler… Je
requiers l’honneur de porter au combat la bannière de la Ravenwing ».
Un bref silence se fit avant que
Sammaël ne réponde : « Qu’il en soit ainsi. Mais s’agissant d’une
opération commando, je souhaiterais connaître tes raisons ».
« Je veux que le traître
sache que les Dark Angels viennent le chercher. Je veux que cet étendard porte
l’effroi dans son âme corrompue et qu’il commence à se repentir à sa simple
vue ... »
Ce qui aurait pu passer pour un
bref rictus anima le visage impassible de Sammaël. Moloch salua une seconde
fois et repartit sans attendre.
*
Moloch réajusta son casque et
jeta un dernier regard au Thunderhawk qui disparaissait hors de l’atmosphère de
la planète. Il faisait nuit et le paysage désolé était battu par des
bourrasques de neige épaisse. Les réticules passèrent en mode vision nocturne.
Les plaines paraissaient calmes, mais le chapelain savait qu’il n’en était
rien. Derrière les hautes collines, à une centaine de kilomètres au nord de
leur point d’insertion, s’étendait la principale cité-ruche de Renaheim Prime.
Lors de la descente, il avait pu étudier l’énorme araignée de plastacier et de
béton avec attention. Cela avait constitué la seconde mauvaise surprise. La
cité-ruche était en feu. Une armée des forces de défense planétaires semblait
lutter avec désespoir contre un ennemi invisible et redoutable.
Les pensées de Moloch étaient
alors revenues vers sa première mauvaise surprise. Un croiseur de facture
antique, en orbite autour de Renaheim Prime. Sa proue était ornée d’un
gigantesque crâne aux ailes de sang. Un goût amer avait envahi sa bouche :
celui de la corruption et de la trahison. La frégate n’était pas de taille à
engager le combat et, par chance, elle ne semblait pas avoir été repérée par
l’ennemi. Pour combien de temps encore ? Il pria l’Empereur pour que la barge de bataille tarde le moins
possible…
A ses côtés, Elemiah vérifiait le
niveau et la pression du prométhéum de son arme. Par réflexe, Moloch prit son
crozius en main et pressa le bouton incrusté dans le manche. Il prit vie avec
une légère vibration, parcouru de fins arcs bleutés. Satisfait, le chapelain
désactiva son arme et se tourna vers ses hommes. Esagil et Leliel regardaient
fixement vers le nord, assis sur leurs motos. Le sergent Vasariah s’approcha de
Moloch, désignant l’horizon de son lourd gantelet blindé : « Est-ce
que tu as un plan, mon frère ? ».
Le chapelain se retourna vers
lui. « Nous allons rejoindre la cité, trouver notre cible et la ramener.
Cela te convient-il, Frère-Sergent ? » ajouta Moloch avec une pointe
d’ironie dans la voix. Vasariah émit un rire guttural et passa sur une
fréquence privée. « Je sais ce qui t’inquiète, Frère-Chapelain. Je sais
tout autant que toi où se trouve notre cible. Et je sais que nous allons nous
retrouver devant un dilemme… » dit-il en levant les yeux vers le ciel
au-delà duquel le croiseur restait invisible.
« Il n’y a aucun
dilemme » cracha Moloch. Il enfourcha brutalement sa moto. « Nous
n’avons qu’une seule mission et personne ici ne discutera mes ordres ». Il
rouvrit le canal d’escouade et aboya d’un ton sec : « Ravenwing-Un.
Pour l’Empereur et le Lion, en avant ! ». Immédiatement, les motos
crachèrent une lourde suie dans la neige épaisse et l’aile noire prit son essor
à travers la plaine.
*
Des cadavres. Dans les ruines
fumantes envahies de neige, le sang figeait rapidement, comme pour fixer sans
tarder ce tableau morbide. Ils avaient atteint sans délai les faubourgs de la
cité-ruche. Une aube pâle et froide tentait de poindre à travers la brume et
les nuées dégagées par les incendies. Non loin, les staccatos des tirs d’arme
lourde semblaient eux aussi étouffés. En vrombissant, le Land Speeder passa
au-dessus du chapelain. Il avait à peine parcouru deux cents mètres quand un
trait incandescent jaillit vers le véhicule. Moloch vit le speeder effectuer un
virage serré, évitant de justesse le tir mortel qui éclata contre la façade
d’un bâtiment. La voix d’Asag retentit dans son communicateur :
« Contact ! ». Le Land Speeder jaillit vers le ciel avant de
retomber en direction droit sur un couvert. Le canon d’assaut rugit comme une
bénédiction de l’Empereur, arrachant des pans de mur dans un déluge de métal.
Le chapelain accéléra et vit une
silhouette massive s’extirper des ruines en lâchant des tirs de bolter en
direction de l’engin volant. Mais il ne put aller bien loin : le tir du
multi-fuseur de frère Djezirah le trancha
en deux dans sa retraite.
« Par le Primarque »
marmonna Moloch en retournant les restes grésillant du bout de sa botte.
L’armure énergétique bleutée était couverte de symboles blasphématoires et le
casque du Marine figurait un crâne grimaçant. Le même motif se répétait sur une
de ses épaulières, encadré d’ailes rouges de chauves-souris.
« Des traîtres ! »
pesta dans son dos Frère Leliel. « Il faut les exterminer ! »
Moloch se retourna, et sa voix
était lourde de colère : « Notre objectif n’est pas de contrer cette
menace, Marine. » Il perçut la confusion de Leliel. « Mais…
Frère-Chapelain, nous ne pouvons pas laisser cette planète aux mains de ces
abominations ?! » La voix de Moloch se fit dure et menaçante.
« Il n’y a pas à discuter. Nous tuerons tous ceux qui se dresseront sur
notre chemin. Mais cette voie est la seule que nous emprunterons. J’ai
dit. » Leliel eut une brève hésitation alors que le
chapelain-investigateur remontait sur sa moto. La Ravenwing reprit sa
chasse.
La progression vers le palais du
gouverneur fut comme un cauchemar éveillé.
Certes, les Dark Angels
rencontrèrent peu de résistance, frappant avec rapidité et précision, éliminant
sans pitié les rares Night Lords qu’ils eurent à rencontrer. Il ne s’agissait
pas d’une invasion à grande échelle. Les traîtres étaient comme des prédateurs
lâchés dans une bergerie. Les forces de défense planétaire n’étaient pas de
taille contre ces monstres, qui n’étaient venus que pour semer le chaos, la mort
et la ruine. Pour leur simple plaisir.
Mais ils n’étaient pas préparés à
faire face à un commando d’Astartes travaillant de concert, guidés par leur foi
inébranlable et décidés à accomplir leur mission sacrée.
Frère Ishkur périt, le corps
déchiré par les serres énergétiques acérées d’un Rapace. Il fut promptement
vengé d’un coup de gantelet en pleine face par Vasariah. L’Apothicaire Raziel
lui administra la bénédiction de l’Empereur et reprit le legs du chapitre.
Malgré cette perte, Moloch perçut
un malaise grandissant parmi ses guerriers, d’une toute autre origine. Il
commença lorsque le commando rencontra les premiers éléments vivants des forces
de défense, couverts de sang, de suie et de neige sale. Après un bref instant,
ces hommes baissèrent leurs armes et, un à un, tombèrent à genoux devant les
géants en armure noire, murmurant des prières de remerciements à l’Empereur.
Les Astartes rencontrèrent de plus en plus de soldats au fur et à mesure de
leur avancée, et ce fut comme si une vague d’espoir tangible s’était répandue
dans leur sillage : les Anges de la Mort étaient venus pour les sauver.
*
La haute salle voûtée ne
présentait plus qu’un pâle reflet de son luxe passé. Autour des colonnades
gravées de bas-reliefs, qui avaient vu tant de fêtes somptueuses organisées
pour la haute société, une vingtaine d’officiers et leurs subalternes
s’agitaient autour d’écrans et de cogitateurs, organisant la défense désespérée
de Renaheim Prime. Elemiah referma la lourde porte d’entrée et se posta en
sentinelle alors que les autres Astartes marchaient vers le centre de la salle,
bolter au poing. Un murmure de respect mêlé d’espoir commença à résonner alors
que les regards se tournaient vers les nouveaux arrivants. Moloch balaya la
salle du regard et une sécrétion acide lui piqua la langue quand il vit l’homme
en armure énergétique noire lui tournant le dos, au fond de la salle. Ce
dernier discutait avec ce qui ne pouvait être que le gouverneur planétaire. Il
ne se retourna pas, alors même que les guerriers se dirigeaient vers lui. Le
chapelain ne doutait cependant pas qu’il avait depuis longtemps détecté leur
présence.
Le gouverneur se tourna vers eux,
la satisfaction et le soulagement se lisant dans son regard : « Les
Astartes ont répondu à votre appel, Seigneur Commandeur… » dit-il à
l’attention de son général. Ce dernier restait immobile. Une cape blanche jetée
autour de son cou tranchait avec le noir profond de son armure Mk IV. Malgré
son âge, elle semblait avoir été parfaitement entretenue. Sur une de ses épaulières,
une épée rouge stylisée faisait comme une ancienne cicatrice régulièrement
polie. « Ce sont vos frères ! » ajouta le gouverneur.
Moloch s’arrêta à quelques
mètres. Les bolters étaient dirigés vers le sol, mais des sens aiguisés
pouvaient percevoir la tension dans les mains des Space Marines.
D’un geste brusque, Sephiroth
planta la Bannière
de la Ravenwing
sur le sol, brisant une dalle de marbre. Le coup se répercuta dans sur la
voûte, imposant le silence complet dans la salle.
La voix, à la fois terriblement
lasse, âgée, mais aussi claire et puissante résonna alors. « Ils ne sont
pas venu nous sauver, Gouverneur. » L’ancien Dark Angel se retourna
lentement, et sa majesté était toujours intacte. Son visage aux yeux brûlants
était labouré des cicatrices de mille combats. Son aura imposait le respect,
mais ce n’est qu’une haine pure et violente qui inonda le sang de Moloch. Il
tendit son crozius en direction d’Arthelas, comme un chasseur désigne sa proie.
« Je savais que vous me
retrouveriez. Je savais. Des millénaires de solitude, et un espoir : que
la légion revienne me prendre ». Il esquissa un geste pour empêcher le
gouverneur de parler. « Je suis prêt. Mais sans moi, Renaheim Prime va
mourir. Je suis le seul rempart contre nos anciens frères, ces abominations
corrompues… » Moloch le coupa d’une voix tranchante et glaciale :
« Tu es la corruption. Ton apparence est un leurre. Tu es la véritable
incarnation de la trahison. » Arthelas secoua la tête : « Tu
entendras mon repentir, Chapelain, mais laisse-moi sauver cette planète. »
Un ricanement résonna du casque en forme de crâne : « Tu as condamné
cette planète dès que tu y as posé le pied ».
D’un mouvement bref, le crozius
s’abattit sur la tête du gouverneur avec un craquement d’énergie, la réduisant
en bouillie et projetant le corps à plusieurs mètres en arrière. Aussitôt, le
claquement des bolters résonna dans la salle, se mêlant aux hurlements. Les
projectiles fauchèrent les corps et les explosions répandirent le sang et les
viscères sur les bas-reliefs et les murs. En moins d’une minute, la salle était
redevenue silencieuse.
Arthelas n’avait pas bougé. Seuls
ses yeux embués témoignaient de son désespoir le plus total. La voix de Leliel
retentit alors : « Peut-être pouvons-nous faire quelque chose pour
sauver ce monde ? Peut-être a-t-il raison ? » Moloch se retourna
brusquement et un seul tir de son pistolet-bolter perfora le casque du Marine et
fracassa son crâne. Son corps s’effondra d’un bloc sur le sol.
« Pardonne-moi, mon frère » murmura Moloch en s’agenouillant,
« ta foi était vacillante et je ne peux permettre à aucune faiblesse de
subsister ». Il se releva en se tournant vers Arthelas : « Ou
l’histoire se répètera indéfiniment ».
Le Thunderhawk quittait
l’atmosphère et s’apprêtait à rejoindre la frégate. Le Déchu avait été placé en
caisson de contention, sa tête et chacun de ses membres immobilisé par un câble
générant un semi-champ de stase. Le chapelain-investigateur recueillerait sa
confession à son retour dans les profondeurs du Roc. Une perle noire viendrait
s’ajouter à son rosarius. Et il lui accorderait sans doute une mort rapide.
La signature thermique du
croiseur des Night Lords indiquait que les traîtres allaient quitter le
secteur. Ils avaient sans doute remporté une victoire aujourd’hui. Luttant
contre un reflux bilieux dans sa bouche, Moloch ouvrit un canal sécurisé vers
la barge de bataille : « Ici le chapelain-investigateur Moloch. Par
décret du Grand Maître Suprême, Renaheim Prime est déclarée perditia. Lancez
l’Exterminatus. »
Dix secondes plus tard, trois
points lumineux jaillirent de la barge et filèrent vers la planète comme des
étoiles filantes.
Dix minutes plus tard, les
torpilles cycloniques touchèrent le sol.
Dix heures plus tard, Renaheim
Prime était un monde mort.
* *
*
Superbes figurines
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